Je reviens sur cet article publié en 2015, car plusieurs personnes se questionnent sur les racines du stress.
Bien que le sujet soit abondamment abordé, beaucoup de questions demeurent sans réponses. La plupart du temps, les gens ne voient pas venir le stress et demeurent perplexes lorsque vient le temps d’expliquer pourquoi ils en sont atteints. Le sujet étant très vaste, je me contenterai de formuler quelques hypothèses concernant le processus énergétique et psychique du stress. À vous de les cautionner ou non.
La première question qui m’est venue en tête a été de savoir si le stress serait le résultat d’une distorsion entre la réalité et la manière dont nous projetons le déroulement de cette réalité. Après réflexion, je crois en effet qu’il est juste de dire que le stress est le résultat d’une distorsion. Il met en présence plusieurs éléments.
Pour débuter, il lutte contre l’imprévu, il anticipe ce qui va arriver et projette les nombreuses possibilités des événements à venir. Il donne à des situations une valeur, un impact exagéré et toutes ces « oppositions » s’additionnent curieusement pour créer un mouvement intérieur pénible et oppressant. Cette déviation fausse l’impact et la réaction des événements sur nous. Est-il nécessaire d’ajouter que toute cette distorsion est alimentée par la capacité de perception ? Il y a un chemin sensible qui suit le raisonnement humain et qui crée des bornes (déroulement idéal des situations), des points fixes qui déterminent le comportement, les valeurs, les attentes et les choix jugés légitimes. Quand arrive un intrus, sur ce chemin, il ne peut que se heurter à une borne. À ce moment, tout le chemin est perturbé et chaotique. C’est la distorsion.
Vous direz qu’un simple exemple s’impose. Vous finissez de travailler à 17 h. Normalement, vous vous attendez à rentrer à la maison vers 18 heures. Un accident, ou simplement une congestion fait en sorte que vous êtes retardé et que votre arrivée ne se fera pas avant 18 h 30. Pour beaucoup de personnes, voilà une situation apte à produire du stress, et ce, même si rien ne presse à la maison. La congestion est un intrus qui modifie votre anticipation du parcours. Il y a imprévu. La valeur change 1 h 30 pour ce trajet, ce n’est pas bon. Le retard prend une dimension exagérée, il vous irrite, et ce, même si rien d’urgent ne vous attend à la maison. La perception que vous avez du trajet vers la maison est perturbée. Vos bornes : le temps du trajet et la vitesse à laquelle vous aimez conduire sont dérangés par cet accident ou ce ralentissement que vous n’aviez pas prévu.
Une autre situation à laquelle je vous propose de réfléchir. Que se passe-t-il lorsque vous êtes dans un lieu alors que vous pensez que vous devriez être ailleurs ? Par exemple, j’assiste à la fête d’un ami tout en pensant que je devrais être à la maison à préparer la semaine qui vient. Normalement, il y a projection et cette projection se confronte à la réalité. Les différences plus ou moins grandes entre ces deux aspects déterminent l’ampleur que prend la distorsion.
Voyons le stress comme une sentinelle qui veille à la conformité de la projection. Plus il y a de distorsion, plus il s’excite. Cette excitation, c’est le système nerveux qui le reçoit et qui l’accumule bien souvent. Le système nerveux très sollicité par cette tension excessive s’épuise lentement jusqu’au point d’épuisement (burn-out). Si vous êtes du genre stressé, interrogez votre quotidien afin de repérer les facteurs que je viens de mentionner. Après avoir fait cet exercice, dites-vous que la moitié du chemin est fait pour vaincre votre tendance au stress.
Pascal St-Denis