Nous voilà rendus au chakra de la gorge. Comme tout chakra, son ouverture est graduelle, car dépendante de l’évolution de la personne. L’ouverture complète passe par le développement du corps mental supérieur qui sert de lien avec l’âme. C’est par ce chakra que l’âme donne forme à son identité. La gorge devient le centre de matérialisation de l’âme.
Avant d’arriver à cette étape ultime, le chakra de la gorge est connecté aux énergies du corps astral appelé aussi corps de désir, ou corps émotionnel. Plus cette étape évolutive est avancée, plus l’individu reconnaît un besoin d’authenticité, de complémentarité. Il reconnaît aussi qu’il a un autre désir, plus complet, mais moins palpable que ceux qu’il véhicule. Son souci de bonheur comme il le concevait appelle à un enrichissement ; celui de la réalisation de soi. Il interroge son environnement, ses émotions, son vécu, ses choix et les réponses qu’il reçoit le ramènent à lui ; à son expression à son implication, à ses faiblesses et à ses désirs. Il veut modifier son mode d’expression. Il jette un regard plus aiguisé sur lui-même, car il sent le besoin de mieux connaître sa véritable nature.
Nous pourrions appeler ce stade évolutif, le besoin d’exprimer notre propre vérité. Il est sage de se rappeler que, bien que les champs de conscience vous soient présentés dans un ordre établi (de bas en haut) la réalité est qu’ils évoluent en de nombreux va-et-vient et chevauchements et qu’ils s’amalgament pour ne former qu’une ligne unique de croissance évolutive. Le chakra de la gorge est actuellement très actif, et selon A.A. Bailey, il s’apprête à prendre la place du plexus en tant que conscience de « règlement ».
Elle mentionne aussi que le chakra de la gorge est spécifiquement l’organe de la parole créatrice qui enregistre l’intention de l’âme qui lui est transmise par l’énergie du centre frontal et produit une activité créatrice d’un certain type qui est l’homologie supérieure de la faculté créatrice du champ sacré. Cette définition suppose une activité mentale et spirituelle bien établie, car c’est l’âme qui, avec le temps, devient l’utilisateur de ce champ d’expérience.
Au stade actuel de développement, alors qu’une grande majorité d’êtres humains sont toujours sous l’influence de leur monde de désirs[1], le chakra de la gorge doit encore conjuguer avec les forces astrales qui l’entourent ; les siennes et ceux qui l’interpellent dans son environnement.
L’identité développée sous la force du plexus solaire a déplacé le facteur décisionnel à l’extérieur de nous-mêmes. Ainsi, il est devenu la norme d’interpréter les événements selon les effets qu’ils produisent dans notre milieu de vie plutôt que d’après les prises de conscience intérieure qu’ils sont supposés déclencher. C’est ainsi qu’une grande majorité de nos décisions font fi d’une réalité intérieure, d’une conscience intérieure, au profit des besoins qu’impose notre milieu de vie. Voilà pourquoi cette étape fait sentir le besoin d’exprimer notre réalité intérieure afin d’arriver à une parfaite connaissance de nous-mêmes.
L’ouverture de ce champ fait monter à la surface des besoins intérieurs qui portent en eux une volonté d’entreprendre une démarche personnelle[2]. L’ouverture de ce champ de conscience devient exigeante, car c’est une création par l’esprit qui demande d’accepter ce que l’on est devenu pour l’offrir à la connaissance des autres. Cela signifie qu’il faille laisser tomber les systèmes de défense qui cachent une réalité intérieure différente de celle que nous exprimons.
Je crois qu’à sa manière « Brene Brown », dans « le pouvoir de la vulnérabilité », décrit clairement les difficultés associées à l’ouverture de la conscience de la gorge. Ce que j’appelle « l’expression de sa vérité » qui, associé à la peur d’en faire l’expérience, se transforme en orgueil, Brene Brown parle du pouvoir de la vulnérabilité qui, associé à la peur d’en faire l’expérience se transforme en une forme de honte parfois subtile, parfois paralysante..
Lorsqu’elle a interrogé les gens sur l’amour, ils ont parlé de chagrin. Lorsqu’ils ont été interrogés sur le sentiment d’appartenance, ils ont raconté les plus douloureuses expériences où ils étaient exclus. Lorsqu’ils ont été interrogés sur les relations humaines, leurs histoires parlaient d’isolement. Elle en est venue à réaliser que tout cela venait de la honte. Personne ne veut parler de cette forme de honte ou d’orgueil selon le cas, bien que, moins on en parle plus on la ressent. Ce qui est à la base de cette honte est ce : « je ne suis pas assez bien », « assez mince », « assez beau », « assez malin », « assez apprécié dans mon milieu », etc., etc. En fait, c’est un atroce sentiment de vulnérabilité lorsqu’entrer en relation avec les autres signifie se montrer tels que nous sommes. Cette vulnérabilité, tout le monde la hait. Par honte ou par orgueil[3], si nous omettons d’exprimer certaines facettes de nous-mêmes, notre monde relationnel s’en trouve faussé. Parce que tout ce que nous sommes trouve sa manifestation véritable dans les relations humaines, l’expérience évolutive en sera toujours incomplète.
Il faut avoir le courage d’être imparfaits. Étant authentique est un impératif absolu pour entrer en relation avec les autres. Les gens authentiques ont quelque chose en commun ; ils acceptent d’être vulnérables. Ils pensent que ce qui les rend vulnérables les rend également beaux. Ils ne prétendent pas que la vulnérabilité soit confortable ni qu’elle soit douloureuse. Ils disent juste qu’elle est nécessaire pour donner à la relation tout son pouvoir de conscientisation.
En négligeant de tenir compte de ce que nous sommes intérieurement, nous avons créé une scission qui a ouvert la porte aux bouleversements émotifs. C’est pour cela que beaucoup de personnes arrivent à la conclusion qu’une démarche personnelle s’impose. Une démarche dont le but premier est de faire le point avec soi-même, de se retrouver, de reprendre contact avec cette réalité intérieure si souvent ignorée. Alors que nous devrions exprimer librement ce que nous sommes, nous cachons cette réalité derrière des masques qui, en fin de compte, ne trompent que ceux ou celles qui les portent. Par exemple, nous avons appris à esquisser un sourire pour cacher un désaccord, à refouler une impression ou une réflexion de peur d’être mal compris, jugé ou pire encore, se sentir rejeté. Nous faisons en sorte de camoufler nos points faibles, et ce, à un point tel que nous refuserons d’admettre leurs existences lorsque quelqu’un ose en faire état. À l’inverse, il arrive que nous exagérions certains points forts, et ce, même si nous savons qu’ils ne représentent pas la réalité. Nous devenons si habiles à cacher divers aspects de nous-mêmes que nous perdons de vue ce que nous sommes en réalité. Ce que nous cachons aux autres et de ce fait, à nous-mêmes ce sont les mille et une insécurités qui nous affligent et qui nous font paraître vulnérables aux yeux des autres. Finalement, nous pourrions dire que c’est le fait de privilégier le paraître extérieur au détriment d’une authenticité intérieure qui maintient le conflit entre le senti intérieur et le milieu de vie dans lequel il s’exprime.
Présentement, ce champ vibre énormément, car il se soumet aux faiblesses des champs inférieurs pour ne pas manifester un éventuel déséquilibre. C’est pourquoi il est sensible à tout ce qui porte à l’orgueil et à la vanité. Lorsque vient le temps d’offrir une solution à une sollicitation, il peut manifester de l’agressivité ou de la froideur, de la joie ou de l’angoisse, et ce, afin de garder un semblant d’équilibre. Le chakra de la gorge est appelé à organiser ce qu’on est pour l’offrir aux autres et en ce sens, il est évolutivement dommageable de manipuler cette réalité.
La cinquième manifestation primaire est l’orgueil et le chakra de la gorge en détient la clé. Derrière cette manifestation se cache l’énergie du refus. Un refus qui se nourrit facilement de l’illusion. Un refus qui finit par déterminer les rapports avec ce qui nous entoure. Il arrive un temps où tout ce qui est caché et enfoui au plus profond de nous finit par nous étouffer. Étant le champ qui rassemble les énergies des centres qui lui sont inférieurs, le refus de nous montrer tels que l’on est nous oblige à cacher nos peurs, nos peines, nos colères, nos angoisses et notre vulnérabilité.
Pascal St-Denis
[1] Désirs-intellect. Un stade où l’intellect est fortement conditionné par le monde des désirs.
[2] La démarche peut être de caractère évolutif et spirituel comme elle peut prendre l’allure d’une investigation psychologique ou encore celle d’une prise en charge d’un malaise ou d’une faille spécifique.
[3] L’angle sous laquelle nous les observons, la honte et l’orgueil deviennent synonymes lorsqu’ils démontrent la peur d’exprimer ou de manifester des aspects de soi-même.