Pour se faire une idée de la congestion, pensons à l’engorgement qui influence la libre circulation du flux énergétique. Concernant cet état, il y a deux approches ; soudaine et sporadique ou encore, constante et progressive, bien qu’en fait, la première tendance conduise couramment au développement de l’autre. La congestion sporadique se compare à l’augmentation brusque du flux de voiture sur une autoroute pendant l’heure de pointe ou lors d’un accident par exemple. Il s’agit d’un ralentissement temporaire qui revient à la normale dès que disparaît la cause. La congestion progressive est la conséquence à long terme d’engorgements sporadiques. Cette fois, c’est comme une autoroute devenue trop petite pour le lot de véhicules qui y circulent.
C’est un peu la même chose lorsqu’il s’agit de l’être humain. Certaines situations sont propices à déclencher le processus de congestion. Parler en public, par exemple. La peur de devoir s’exprimer devant plusieurs personnes possède quelque chose d’universel. Le malaise qui accompagne cette situation confirme l’amorce de ce phénomène, car nous sommes en mesure de percevoir les signes physiologiques de la congestion ; chaleur, rougeur, etc. Lorsque cette attitude se répète pour un tout et pour un rien et que la gêne devient un trait psychologique de la personne, on peut dire que la congestion est progressive. Lorsqu’un rien nous fait perdre nos moyens et neutralise notre désir d’agir, la congestion a fait ses ravages. Par exemple, nous pourrions comparer les deux tendances à un rhume et de l’asthme. Le rhume symbolise la congestion sporadique alors que l’asthme démontre un état progressif où l’engorgement énergétique est constant, car il ne se libère pas.
La peur des conséquences est la plus grande créatrice de congestion se trouvant dans les champs de conscience. Elle se manifeste ordinairement par une fausse tranquillité. En apparence paisible, l’individu congestionné est intérieurement très agité. Nous avons tous une identité propre et elle exige que nous fassions l’expérience de ce que nous sommes. C’est une loi évolutive et personne ne peut y échapper sans créer un certain désordre. La peur des conséquences qui est, en grande partie, responsable des congestions que nous vivons développe des attitudes qui poussent l’individu au refoulement. Par exemple, la peur de décevoir les autres, la peur d’émettre une idée, la peur d’être mal perçu ou jugé, la peur de prendre sa place, etc., etc. La congestion porte au refoulement de peur que notre action, notre idée ou notre geste produisent un impact qui déplait aux autres. Tout devient moins sûr, l’assurance n’y est pas et nous ne nous permettons pas d’extérioriser ce qui se passe à l’intérieur de nous.
Prenons l’exemple d’un nomade qui choisit de se fixer en un lieu parce que ça plaît à ses proches ou encore parce que les valeurs sociales l’incitent vers ce choix. Il va être obligé de refouler ce qu’il est fondamentalement parce que ce choix ne vient pas d’une transformation naturelle de son monde intérieur, mais bien d’une pression que l’entourage exerce sur lui. Il va refouler ce qu’il est au point de perdre son identité. Il ne saura plus vraiment qui il est et cela va le pousser à s’intérioriser plutôt que de partager le fruit de son expérience avec les autres. Il perdra le goût d’apprendre et se contentera de suivre la parade. La congestion finira littéralement par l’étouffer. Nous ne pouvons pas nous couper de ce qui se passe en nous, nous devons en faire l’expérience. À force d’être trop attentifs aux attentes de ceux qui nous entourent, nous perdons contact avec nos idées et celui qui ne suit pas ses idées ne sait plus quoi faire, quoi dire ou quoi penser.
Pascal St-Denis