Par suite des quelques articles sur le bonheur, tellement de personnes interrogent le sujet que j’ai décidé d’aborder le bonheur sous un angle un peu plus profond. Pour comprendre la place qu’occupe cette quête dans nos vies, il est utile de faire la différence entre bonheur et joie.
- Le bonheur est une réaction de la personnalité. Elle est de nature émotionnelle et répond à un besoin viscéral, si je puis dire, associé à un manque que je tenterai d’expliquer un peu plus loin.
- La joie est, quant à elle, une qualité de l’âme qui a son siège dans le mental plutôt que dans l’émotionnel. De ce point de vue, la joie véritable devient possible lorsqu’a lieu l’alignement de la personnalité avec l’âme.
La joie dont je parle ici ne concerne pas les moments d’euphorie ou des états affectifs agréables auxquels on se réfère habituellement. Elle se rapporte à un mouvement de conscience d’âme qui s’aligne avec la personnalité et qui se manifeste dans la vie de la personne concernée.
Sous l’angle évolutif, la différence est grande, car elle exige d’atteindre un point d’évolution atteint par un nombre restreint de personnes. Voilà pourquoi on s’identifie davantage au bonheur qu’à la joie véritable. Vivre la joie de l’âme est donc exigeant. Dans sa nature la plus basse, l’âme s’identifie et se manifeste qu’à travers la conscience de groupe. La joie se produit donc sous l’effet de la conscience de groupe, de la solidarité de groupe, de l’unité avec tous les êtres et ne peut être identifiée au bonheur que connaît la personnalité quand elle se trouve dans des conditions qui satisfont à l’un ou l’autre des aspects de la nature inférieure de la personnalité. Le bonheur peut être un sentiment de bien-être physique, de contentement du milieu, de satisfaction pour des contacts et des occasions favorables sur le plan de l’intellect et non du mental supérieur ; l’habitat de l’âme.
En fait, c’est ce manque d’alignement avec l’âme qui provoque cette quête viscérale de bonheur. Ce manque crée un vide intérieur (la plupart du temps inconscient) qui demande à être rempli. Les mots pour exprimer l’apport de l’âme me manque, mais je dirai que l’absence de plénitude, d’extase, de contentement profond qu’apporte l’âme lorsqu’il y a alignement pousse l’être humain à combler ce vide en créant des conditions de vie qui nourrissent sa nature inférieure (physique, émotive et intellectuelle).
Il faut rappeler que le bonheur est le résultat du désir accompli de la personnalité. Le bonheur se nourrit des conditions environnantes et de ce fait, son existence ou son absence en dépend. Pour cette raison, nous n’avons pas de véritable contrôle sur lui. Nous pourrions le comparer à la température ; le beau temps est présent et occupe toute la place (bonheur), puis viennent les nuages et les perturbations (malheur). De belles et bonnes choses nous apportent du bonheur, mais d’autres viennent continuellement obscurcir les moments heureux.
De plus, il faut également souligner que les événements susceptibles de rendre une personne heureuse sont souvent de natures contradictoires. Par exemple, la faillite d’un compétiteur redoutable peut produire du bonheur au même titre que le succès obtenu par celle qu’elle estime. La solitude peut être une source de bonheur lorsqu’un besoin de ressourcement se fait sentir et devenir une source de tristesse ou de contrariété lorsqu’elle crée un vide relationnel. Ces exemples démontrent que le bonheur est lié aux besoins de la personnalité et à l’interprétation que nous faisons des événements.
Pensons à créer de la joie. N’allez pas imaginer qu’il faille se priver de bonheur pour faire circuler la joie intérieure ; le bonheur accompagne souvent la joie. En fait, plus la joie qu’apporte l’âme est présente, plus le bonheur risque de l’accompagner.
Pascal St-Denis