Pour ne pas compliquer les choses, disons que l’évolution de la conscience connaît deux étapes bien distinctes. La première consiste à développer notre « Je » et à le préparer à intégrer progressivement la deuxième étape. Une étape qui consiste à mettre notre « Je » au service du « Nous » ce qui signifie que l’Homme a le devoir d’éduquer sa personnalité pour la transformer en un instrument efficace au service du Bien commun.
Il existe une certaine euphorie à développer l’identité et le pouvoir du « Je ». Du fait de sa nature, le « Je » est individualiste et indépendant. Il désire être autonome, libre et maître de lui-même. Il intègre ces aspects de façon tout à fait naturelle, mais il n’est pas rare de le voir développer ces traits de manière excessive ; ce qui retarde le passage à la deuxième étape. L’excès finit par laisser l’égoïsme et l’égocentrisme s’installer. Poussés encore plus loin, le nombrilisme et même le narcissisme finissent par écarter l’individu de la voie évolutive.
Lorsque le « je » qui développe son pouvoir personnel oublie, si je puis dire, d’intégrer la deuxième étape du développement de la conscience, deux caractéristiques s’installent sournoisement et deviennent des traits de caractère : exigences et intransigeances.
Au fil du temps, les exigences prennent plusieurs visages. Au début, on est exigeant envers soi-même ; ce qui n’est pas mauvais en soi : ce qui doit se faire et ce que l’on doit respecter pour d’obtenir les résultats voulus est une démonstration de volonté.
Cependant, elles risquent de devenir lourdes et antisociales lorsqu’elles se transportent sur l’autre. À ce moment, elles deviennent l’expression d’un besoin ou d’une attente qu’on exige d’une autre personne de manière explicite ou implicite.
À partir de là, tout risque de prendre l’allure de l’inflexibilité, de la rigueur, de la sévérité et quoi encore. L’intolérance est au rendez-vous et laisse peu de place à de sains échanges. Le « Je » deviens intransigeant, c’est-à-dire qu’il ne transige pas, n’accepte aucune accommodation, ne fais aucune concession.
Une personnalité, un « Je » qui exige des autres et qui devient intransigeant ne peut développer des relations qui répondent au besoin de servir le Bien commun. Lorsque ces deux aspects sont présents dans une relation, l’inclusion a tendance à disparaître au profit de l’exclusion, la compétition et la rivalité deviennent plus attrayantes que la coopération, que le chacun pour soi devient une solution logique au détriment du partage. Le monde meilleur se voit ainsi obligé d’attendre qu’il y ait évolution.
Pascal St-Denis