Contrairement à la passion, l’émotion est une réaction à un événement qui nous interpelle. L’événement peut être réel dans le temps et l’espace ou encore n’être qu’une reconstitution de la mémoire ou encore n’être qu’une création de l’esprit (anticipation).
Cet événement, peu importe sa source, sollicite la conscience pour ensuite être soumis à l’analyse de l’intellect. Lorsque l’événement est soumis à l’évaluation de la pensée, une ligne est tracée, créant ainsi des paires d’opposés qui, dans un premier temps, définissent, en quelque sorte, le caractère positif ou négatif de l’émotion.
L’impact d’un événement sur la conscience suscite une réaction positive ou négative de la part de celui qui le vit. La manière de gérer cet impact détermine en grande partie la nature de la réaction. Par exemple, on critique ou on louange mon travail ; deux impacts qui diffèrent ; l’un négatif, l’autre positif. On peut alors y voir les phases émotionnelles suivantes :
1) La réponse immédiate qui est de brève durée et qui pourrait être par exemple, une colère spontanée, dans le cas d’un impact négatif ou une valorisation orgueilleuse dans le cas d’une sollicitation positive.
2) Il y a la réponse secondaire, de durée plus longue et qui pourrait se traduire en une série de jugements brutaux envers ceux qui critiquent mon travail, et ce, dans le but de me débarrasser du malaise que provoque la situation ou encore de faire durer le plaisir et la satisfaction, lorsque la sollicitation est positive.
3) Puis, il y a les effets persistants qui développent une sensibilité exagérée à la critique. Une sensibilité qui porte à s’autocritiquer plutôt que de subir le jugement des autres. Dans le cas d’une émotion positive, cela pourrait devenir une insistance exagérée sur certains faits, tel que : si on aime mon travail, alors je ne peux être fautif ; ce qui s’avère une fausse confiance en soi.
Comme vous pouvez le voir, faire perdurer une émotion en la nourrissant et en la transportant dans le temps est un piège qui fait beaucoup de victimes. On dit de ces personnes qu’elles vivent dans le passé, qu’elles s’en nourrissent et qu’elles deviennent incapables de voir la réalité telle qu’elle est. Il n’est pas rare de voir des personnes vivre dans l’énergie d’une émotion qui a eu lieu des années auparavant. La passion toujours durable, au moins dans une certaine mesure, est très différente de l’émotion qui est une réaction brusque, un état violent, mais court. Voyez le schéma suivant.
· À moins d’être fortement sollicités par des événements, les instincts sont des acquis qui jouent leurs rôles sans nécessairement attirer l’attention de la conscience. Dans l’ordre actuel des choses, ils servent de base au développement et à l’expression des passions, des émotions et des sentiments.
· La passion se construit petit à petit et son intensité grandit au rythme de l’attention et de la réponse qu’on lui porte.
· L’intensité et la durée de l’émotion varient sans cesse. Elle s’affole pour atteindre une grande intensité pour disparaître presque aussi vite que le facteur l’ayant provoquée.
Ce qui est difficile à admettre pour une grande majorité d’individus est d’accepter le fait qu’il existe un état intérieur qui permet à des événements extérieurs d’agir comme agent déclencheur d’émotion.
Pascal St-Denis