Le vice et la vertu ou encore le bien et le mal sont des forces opposées inséparables. Nous pouvons les imaginer, formant une ligne continue sur laquelle nous marquons un trait pour indiquer notre position de l’un par rapport à l’autre. Comment faisons-nous pour trancher en faveur de l’un ou de l’autre ? Généralement, sans trop nous questionner nous laissons nos mœurs, nos coutumes et nos principes imposer leurs pouvoirs discrétionnaires. Par exemple, chez les groupes où les traditions et les principes religieux prennent beaucoup de place, la ligne de démarcation entre le bien et le mal est assez nette. L’interprétation personnelle de ce qui est vertueux ou non est restreinte, car cette tâche revient aux dirigeants des différents clergés. Chez ceux qui prennent leur distance de ces forces de guidance extérieure, les paramètres qui délimitent la nature du bien et du mal cèdent le pas à une interprétation plus personnelle et plus permissive. Nous pouvons remarquer cette tendance dans nos sociétés occidentales qui ouvrent leurs portes au libéralisme et s’éloignent graduellement de la guidance religieuse. Cependant, la liberté qui s’en dégage n’est pas gratuite, car elle suppose une part accrue de responsabilité personnelle. Généralement, les gens laissés à eux-mêmes se lancent à la recherche d’une identité sociale et morale associée à leurs aspirations sur laquelle ils s’appuient pour développer une vision du bien et du mal. On voit alors la société se fragmenter en petits groupes qui défendent avec conviction ce qui les distingue. Des groupes qui, par exemple, mettent l’accent sur des principes de vie spécifiques tels que les intellos, les environnementalistes, les spiritualistes et les autres du même genre.
En fait, l’homme reproduit dans une dimension restreinte ce qui existait déjà dans le groupe élargi. Le « jugement de valeur », qui puise sa force dans la divergence devient inévitablement l’arme toute désignée pour établir la ligne entre le bien et le mal. Par rapport à l’utilisation abusive du « jugement de valeur » et les rapports de force qu’il entraîne, plusieurs personnes adoptent le conformisme apparent dans le but d’éviter la confrontation.
Dans l’un de ses livres, Peter Deunov traite de la véritable nature du bien et du mal. Je vous en présente quelques passages significatifs. Peter Deunov mentionne : « En établissant la différence entre le bien et le mal, retenez ce qui suit : le bien et le mal, c’est le haut et le bas. Et s’il est possible de s’exprimer de cette manière, on pourrait dire que les vibrations les plus faibles du bien sont le mal. Voilà pourquoi le bien est le prix de tout ce qui est plein de raison, et le mal, le prix de tout ce qui est irraisonnable. Le bien fait monter les valeurs de la conscience humaine, le mal les fait baisser. Dans le bien, les dons se renforcent ; dans le mal, ils diminuent et s’obscurcissent. Le bien commence par des insignifiances, par de toutes petites choses. Mais elles grandissent continuellement, elles augmentent, elles se multiplient, elles s’organisent et elles s’unissent en un tout complet. Dans le mal, il y a toujours désunion et écroulement. »
Ce message met en perspective la nécessité d’interpréter le bien et le mal à la lumière de l’évolution de la conscience humaine et de son harmonisation aux vibrations de l’âme. C’est la raison pour laquelle j’ai inséré ce message. Suivant l’essentiel du message de Peter Deunov, nous pouvons dire que ce qui est bien pour l’un peut être mauvais pour l’autre. Comment peut-on juger de cet état de choses ? À titre d’exemple, imaginez votre énergie ou votre conscience branchée à un « gradateur » comme ceux que nous utilisons pour ajuster l’éclairage de nos maisons. Selon votre degré d’évolution et surtout selon l’exigence karmique du moment, imaginez un niveau précis d’intensité de lumière (conscience). En regard de cette situation, il est facile d’imaginer si vos pensées, vos actes et vos gestes transportent des vibrations qui diminuent ou amplifient votre luminosité. Le point de rencontre où, si vous aimez mieux, la ligne qui sépare les antagonistes (le bien et le mal) se trouve au cœur même de cette nuance. Dans cet exemple, nous rejoignons les affirmations de Peter Deunov : « les vibrations les plus faibles du bien sont le mal. » Nous occupons tous une position évolutive et karmique qui nous est propre, nous octroyant, par le fait même, la responsabilité de tracer nous-mêmes la ligne qui sépare le bien du mal.
C’est une leçon difficile à apprendre tellement le « jugement de valeur » est enraciné en nous. Nous devons trimer dur et faire preuve de beaucoup de détachement pour traverser les crises qui accompagnent inévitablement chacune des prises de conscience. Dans notre interrelation avec les autres, il ne s’agit pas de savoir si, oui ou non, notre jugement est juste. Le mieux que nous pouvons faire est d’aider l’autre à porter un jugement sur lui-même, comme nous aimerions que ce soit le cas pour nous. En portant des « jugements de valeur » sur des gens dont les exigences karmiques et le degré d’évolution nous sont inconnus, nous ruinons tout effort de voir l’autre en son âme.
Pascal St-Denis