Pour assurer une meilleure compréhension de l’évolution psychique du chakra cardiaque, il est intéressant de la diviser en deux phases distinctives d’expérimentation. La première concerne l’épuration de la personnalité alors que la deuxième permet une manifestation progressive de l’âme sur le plan physique. Cette étape est conditionnelle à la bonne marche de la première donc au perfectionnement de la personnalité et de son épuration progressive.
En ce qui concerne l’épuration de la personnalité, l’expérience liée aux sentiments dans le partage constitue l’outil idéal pour y parvenir. Aussi longtemps que les caractéristiques de la personnalité dominent, l’expérience de vie demeure soumise à la loi des paires d’opposés. Les sentiments que nous éprouvons peuvent être ressentis de manière positive ou négative et c’est pourquoi l’on retrouve dans le même champ d’expérience amour et haine, satisfactions et frustrations et toutes les autres paires inimaginables. Le partage demande de s’intéresser à autrui, de manifester de la générosité et du désintéressement. En mettant l’accent sur la vie de partage (peu importe son niveau et son intensité), l’altruisme qu’elle exige affaiblit les exigences et les intransigeances que la personnalité transporte. En ce sens, il est légitime et souhaitable de porter attention à ce que l’on exige des autres (exigences) et ce qu’on n’accepte pas d’eux (intransigeances).
La première phase d’intégration s’étend sur plusieurs incarnations et connaît sa large part d’échecs et de souffrances. Durant cette période, l’amour de soi et des autres est au centre des préoccupations humaines. Lorsqu’il est question de partage, l’objectif est de créer un environnement où le bonheur est maître. Vu que la vie des sens occupe une grande place dans cette recherche de bonheur, le sentimentalisme se gave d’affection, de tendresses, de caresses, de sexualité, de bien-être circonstanciel là où le plaisir de l’autre se joint au nôtre. C’est une façon d’harmoniser les énergies psychiques inférieures qui cherche à taire les peurs, doutes, angoisses et manques qui nous habitent.
Pour aimer l’autre, il faut d’abord s’aimer et pour y arriver il faut matérialiser ce qu’il y a de plus juste et de plus beau en nous. Aimer l’autre, c’est l’aider à faire de même.
La pratique de l’altruisme mène la vie dure à l’égoïsme humain. Ainsi, les tendances de la personnalité à l’égocentrisme, au chacun pour soi, à l’individualisme ou même au narcissisme s’effrite pour laisser place à une plus grande empathie et une tendance accentuée à l’inclusion. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde qui peu à peu arrive à comprendre que « nul homme ne vit que pour lui-même », et que c’est seulement lorsque l’amour, dont on a tant écrit et parlé, trouve son expression dans le service que l’homme peut commencer à travailler selon sa capacité innée.
Le passage à la deuxième étape résulte d’une série d’intégration qui permet un rapprochement progressif avec l’âme. A.A. Bailey mentionne que l’amour n’est ni un sentiment ni une émotion, il est la force supérieure qui guide le monde et qui conduit à l’intégration, à l’unité et à l’inclusion. Tout un monde nous sépare de cette définition. Non pas qu’elle soit fausse, mais du point de vue évolutif, nous n’en sommes pas encore là. Le chemin de l’amour est un long processus d’intégration qui exige beaucoup de temps. L’amour n’est pas statique dans le sens qu’il est invariable. Il ne s’agit pas du choix arbitraire de décider si l’on aime ou pas. L’amour doit être perçu comme une énergie, ou encore, une conscience en évolution.
La deuxième phase survient plus tard suite au perfectionnement de la personnalité ; là encore, le processus est progressif. En étudiant sa vie, l’être humain peut découvrir ce qui le motive ; soit qu’il se conforme à sa volonté de bien faire, soit qu’il travaille émotionnellement parce qu’il obéit à divers mobiles tels que : il aime secourir, il aspire à être aimé, il aime soulager les souffrances parce qu’il déteste l’inconfort que cela lui cause ou simplement parce qu’il a profondément enraciné une tendance naturelle à la bienveillance.
A.A.Bailey souligne que lorsque les phases physique et émotionnelle de l’intégration sont franchies, les aspirants découvrent l’étape du service intelligent qui se trouve successivement motivée :
- par la conviction que la miséricorde est essentielle,
- puis par un stade défini d’ambition spirituelle,
- par le désir de suivre les traces des Sages.
- finalement par l’exercice de la qualité d’amour pur qui s’exprime de plus en plus parfaitement à mesure que s’effectue l’intégration supérieure de l’âme et de la personnalité.
Ces différentes étapes sont l’indication d’un enseignement progressif qui laisse entrevoir des phases ultérieures d’intégration. Il faut donc méditer et comprendre le vrai sens de ces diverses étapes d’intégration telles qu’elles se poursuivent selon la loi d’évolution. Tous ces pas sur le chemin de l’intégration conduisent au stade culminant où la personnalité — riche d’expérience puissante dans son expression, réorientée et dédiée — devient simplement le prolongement de la vie de l’âme. Ainsi nous devenons AMOUR.
Pascal St-Denis