Le détachement et les paires d’opposés (article 3)

Lorsque le détachement (agent de libération) devient le bienvenu, c’est que l’attachement (agent de servitude) fait sentir sa présence de manière disproportionnée.

Le détachement et l’attachement forment une paire d’opposés indivisible. Il en est de même pour toutes les paires d’opposés qui meublent nos expériences de vie. Comment fait-on pour tracer la ligne entre deux antagonistes s’ils sont indivisibles ? Existe-t-il une seule ligne qui les distingue l’un de l’autre ? En réalité, il n’existe pas de ligne de séparation pré-établie, car tout se joue au niveau de la perception.

Par exemple, possédez-vous un thermomètre qui indique le chaud et un autre qui détermine le froid ? Bien sûr que non. Pas plus qu’il n’existe une ligne qui indique où s’arrête le froid et où commence le chaud. Cette ligne est différente selon la perception que nous en avons. Par exemple, supposons qu’au mois de janvier au Québec, le mercure grimpe à 10 degrés centigrades, vous direz qu’il fait chaud, alors que pour la personne se trouvant en Floride, ces mêmes 10 degrés représentent le froid.

Dans le processus des paires d’opposés, c’est exactement la même chose. C’est la conscience de chacun et le niveau d’intégration de l’un par rapport à l’autre qui détermine cette ligne imaginaire. Par exemple, une personne ayant intégré 60 % de la qualité d’amour succombera à la haine dans 40 % de ses expériences. Bien sûr que cette haine ne sera pas exprimée dans son sens le plus puissant, mais vous avez certainement tous vécu la subtilité de la haine exprimée sous des apparences trompeuses. Pensez à l’indifférence qui se veut la forme la plus douce et la plus subtile de haine. Parce que l’intégration d’une qualité n’est pas complétée, il est normal que nous soyons appelés à expérimenter l’un et l’autre des pôles. Par exemple, un père de famille peut démontrer un amour indéfectible pour ses enfants et, en même temps, avoir une attitude haineuse envers un voisin dérangeant.

Le degré d’intégration d’une vertu détermine la capacité de se maintenir dans l’expression de celle-ci en toutes situations. Lorsqu’une situation exige davantage que le niveau d’intégration acquis, il est facile de voir la solution dans la force opposée. Il importe donc d’être vigilant et de prendre le temps d’identifier le point où l’on cède. C’est à nous de déterminer où se situe la ligne de démarcation entre les opposés et d’identifier le point de tension qui nous incite à répondre négativement à certains événements.

Parce que notre évolution se construit à partir de l’expérience des paires d’opposés, il importe d’en comprendre le processus et de les utiliser à bonnes fins. Ainsi, il devient plus facile de comprendre qu’il ne peut y avoir de réel détachement sans attachement. Cela explique ma définition du détachement ; céder ce qui est moindre lorsque plus vaste est perçu. Nous n’avons qu’à penser aux échecs associés aux régimes alimentaires traditionnels qui demandent de s’abstenir alors que la véritable réussite vient du fait que la personne s’attache à ce qui est meilleur. Le vide, le manque ne font qu’amener une tension qui ne trouve pas d’issue positive.

Articles sur le détachement à suivre.

Pascal St-Denis

 

 

 

 

 

 

 

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